Par Jacques Fayette, Professeur à l’Université Lyon 3, Directeur du DESS de Commerce extérieur

La création de la zone Euro et l’extension des échanges internationaux ont rendu aux jeunes français, tout comme aux jeunes suisses, l’utilisation d’une deuxième, voire d’une troisième langue vivante étrangère aussi nécessaire que naturelle.

Choisir une langue est une question de GOUT, D’AFFINITE mais aussi une question de CALCUL. Une
langue constitue, au delà des ASPECTS CULTURELS, un bagage dont le détenteur peut affronter plus
facilement les aléas de la VIE PROFESSIONNELLE. De ce point de vue, il importe de se garder des effets de
mode : on ne choisit pas d’apprendre une langue et la culture d’un pays comme on choisit une
destination touristique. IL FAUT REGARDER OBJECTIVEMENT LES REALITES.

Si nous combinons les aspects commerce extérieur et investissements réciproques entre la France
et un autre pays, les premiers partenaires de la France sont dans l’ordre : l’Allemagne, l’Italie, la GrandeBretagne puis l’Espagne. 

Si nous considérons les relations entre la France et l’Italie nous voyons trois grandes caractéristiques :

1- Au niveau des échanges NOUS VENDONS PLUS A L’ITALIE QU’A L’ENSEMBLE DU MONDE HISPANOPHONE,
nous vendons plus a l’Italie QU’A L’ENSEMBLE DU CONTINENT AMERICAIN auquel on aurait ajouté,
certaines années, le Japon.

2- Au niveau des investissements, LA FRANCE EST LE SECOND INVESTISSEUR ETRANGER EN ITALIE, aussi
bien dans l’industrie que dans les services comme la distribution par exemple. Le Français et les
Italiens constituent les deux pays partenaires dans STMicroelectronics, premier groupe européen
dans la résistance à la puissance américaine et asiatique. Les Français et les Italiens sont ensemble
dans Ariane V, dans les missiles, dans les radar, dans Airbus, dans l’équipement automobile, les
distributions, l’hôtellerie, etc… OR, IL Y A AUJOURD’HUI EN FRANCE, UN MANQUE D’INGENIEURS ET
DE TECHNICIENS POSSEDANT L’ITALIEN.

3- La dernière caractéristique concerne LE TOURISME : les italiens viennent par millions dans nos
stations de sport d’hiver, sur la Côte d’Azur, en Corse et bien entendu à Paris mais depuis une
quinzaine d’années ils découvrent la France entière depuis le Mont Saint-Michel jusq’au vignoble
champenois. Ces italiens sont des clients particulièrement appréciés de nos hôteliers et
restaurateurs.

Ainsi ce sont DES METIERS TRES DIVERS QUI UTILISENT LA LANGUE ITALIENNE. Ces métiers correspondent
soit à des études très longues, par exemple un doctorat ès sciences, soit à des formations courtes comme
un BTS de tourisme. Cette réalité commence enfin à s’imposer et l’on voit la demande des familles
s’accroître, contraignant le ministère à augmenter le nombre des postes au concours afin de recruter de
nouveaux enseignants pour la langue de nos cousins transalpins. On voit le succès des formations à
l’italiens dans certaines grandes écoles d’ingénieur, sans parler des échanges universitaires.

Ainsi, CHOISIR L’ITALIEN COMME SECONDE, VOIRE TROISIEME LANGUE, CONSTITUE DE NOS JOURS UN CHOIX
RATIONNEL donnant un atout sérieux à un jeune pour aborder la vie active. Gageons que très vite, au
delà de la langue des affaires ou de la technique, ce jeune saura prendre goût à un pays et à une culture
qui a su exprimer plus que toute autre, le richesses des réponses de l’âme aux sollicitations du réel et de
l’imaginaire.